johnnyalasti

Les chasseurs (Chapitre 2)

Chapitre 2 – Matthieu

 

Matthieu se réveille dans une position improbable et inconfortable sur un des canapés de la grande salle. Il a mal aux cervicales et ressent une douleur à la pommette gauche lorsqu’il se frotte les yeux. Il a encore du faire n’importe quoi hier soir et n’en garde que peu de souvenirs mais il est sûr qu’on viendra lui rafraichir la mémoire bien assez tôt. Soudain il se lève et se précipite vers l’évier pour y vomir un magnifique pot-pourri semi-liquide et jaunâtre. Autour de lui, tous les autres dorment encore. Matthieu jette un œil sur l’horloge. Il n’est que huit heures du matin mais il sait qu’il ne pourra plus se rendormir. Il se dit comme à chaque lendemain trop douloureux qu’il va falloir sérieusement se décider à arrêter de picoler du matin au soir. Il doit y avoir un dieu pour les pochtrons car il a toujours son permis bien qu’il n’ait pas conduit sobre depuis des mois. Puis il sort et monte dans sa voiture avec l’intention de s’arrêter un coup chez Eva, une nymphomane insomniaque un peu cinglée mais toujours très accueillante qu’il voit de temps en temps. La fille habite à une demi-heure environ du club. Il pousse donc doucement le volume de son autoradio et écoute une fois de plus le final de la sixième de Mahler jusqu’à ce qu’il entende un bruit parasite qui n’a rien à voir avec la symphonie. Il baisse le son et écoute. C’est la sonnerie d’un téléphone qui se trouve sur le siège passager. Ce n’est pas le sien. Il l’ignore donc et refait hurler le célesta à travers les enceintes.

Eva l’invite à entrer après l’avoir serré avec chaleur dans ses bras. Ils prennent des nouvelles l’un de l’autre. Elle lui demande ce qui lui est encore arrivé en montrant du doigt sa figure. Il lui répond qu’il ne s’en rappelle plus et très rapidement lui jette un de ces regards tests pour savoir si elle a envie de s’amuser un peu et forcément tout de suite ça part sauvage. Matthieu la soulève et la plaque contre le mur de l’entrée et commence à l’embrasser avec fougue. Il commence par sa bouche puis va très vite chercher sa nuque car il la connaît suffisamment pour savoir que c’est ce qui l’a fait démarrer invariablement. Il la porte ensuite jusqu’au canapé et se laisse tomber avec dessus. Eva ne porte qu’une nuisette rouge ornés de dentelles noires qui laisse voir la raie aphrodisiaque de sa poitrine généreuse. Elle ferait bander un mort. Les bretelles tombent vite révélant à Matthieu une barre de métal argenté qui traverse les mamelons de chacun de ses seins. Il s’arrête un instant pour regarder et touche délicatement de peur de lui faire mal.

« Hm…Quand est-ce que tu t’es faite percer ma belle ?

-          Il y a deux semaines. Coup de speed avec Stéphanie. Elle s’est faite percer le clito cette cinglée !

-          Aiiiie ! C’est joli en tout cas et en plus ça va avec tes boucles d’oreilles

-          Oui mais ça il n’y a que toi qui peut le voir

-          Arrête voir un peu de mentir. Je sais très bien que tu ne vois pas que moi.

-          Oh tais-toi bibou et continue ce que tu étais en train de faire. Ils sont encore plus sensibles qu’avant tu vas voir » dit-elle pour clore la discussion en offrant ses mamelons percés d’acier à la langue agile de Matthieu.

Après deux fois aussi magiques que s’ils étaient des inconnus l’un pour l’autre, les voilà tous les deux sur le dos, nus comme des vers en train de fumer un joint de l’herbe que fait pousser Eva. Ils se racontent les dernières conneries qui leur sont arrivés en délirant comme deux joyeux tarés. Parfois pour rien du tout. Puis Matthieu se rhabille et reprend le chemin de son appartement situé dans le village voisin.

Dans la voiture il remarque encore une fois ce téléphone qui n’est pas le sien et qui continue de sonner. L’écran indique quinze appels en absence. Il va alors directement voir dans le dossier photos. Il passe d’une à l’autre sans rien trouver qui puisse lui donner un indice sur l’identité de son propriétaire jusqu’à ce qu’il tombe sur un visage qu’il reconnaît mais sans pouvoir parvenir à mettre un nom dessus. Ah lui et sa foutue mémoire ! Il se dit qu’il devrait peut-être aussi arrêter la beuh. Il est pourtant sûr de le connaître mais il ne sait plus d’où et il n’y a rien d’autre sur le téléphone pour le mettre sur la voie. Il va voir dans les messages mais il n’y en a aucun. C’est complètement vide. Il se triture encore les méninges un petit moment avant de se décourager et de balancer l’appareil d’où il vient.

Arrivé chez lui, il va directement à la salle de bains et se fait couler un bain. Il se regarde dans le miroir et désespère une fois de plus de son comportement. Il a la pommette gauche enflée et égratignée. Une croute est déjà en train de se former. Il se fout à poil puis s’ouvre une bière. Il prend ensuite son exemplaire des 21 jours d’un neurasthénique et va s’allonger dans l’eau brulante qui lui fait expirer un soupir de plaisir. Il repense un coup à Eva en ayant la certitude qu’il n’y a rien de mieux que de faire l’amour avec une cinglée puis il ouvre le bouquin et s’enthousiasme déjà rien qu’à la lecture de l’incipit.

 

 

 



26/02/2013
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