johnnyalasti

La chartreuse

J’ai connu Richard au cours de circonstances dont je ne ferais pas étalage ici. Ce que vous devez savoir, c’est que c’était un homme tout ce qu’il y a de bien. Du cœur et qu’une parole. Il était de dix ans mon ainé et c’est lui qui m’a encouragé à écrire. De taille moyenne, la peau mate, ses cheveux noirs coupés courts dont la plupart étaient recouverts par un Stetson qu’il ne quittait jamais, de petits yeux noisette en amandes qui semblaient toujours capable de voir au fond des choses et des êtres, et un charme fou dont il se servait à outrance pour obtenir ce qu’il désirait. Il travaillait comme employé d’une grande compagnie de gaz, situation qu’il supportait plus ou moins bien selon les périodes mais qui lui permettait de payer le loyer de son modeste trois pièces et toute une farandole de factures. Il s’en sortait admirablement bien. Tout aurait été parfait s’il n’avait pas eu un penchant-que certains vieux amis de la famille taxaient d’atavique- pour la boisson. Il avait tout un passé trouble et vertigineux à souhait, qui datait de l’époque où il écrivait encore, qu’il avait un jour décidé de laisser derrière lui pour se bâtir la petite situation dont il jouissait. Il avait également procédé à un tri très sélectif dans ses relations. J’étais un des rares à encore le côtoyer et qui l’avait connu avant qu’il ne choisisse de changer totalement de mode de vie.

 

Néanmoins, depuis peu, dès lors qu’il était en congés ou simplement parfois rien qu’en week-end, il partait on ne sait trop où « se refaire une santé » comme il aimait le dire aux curieux.  Il disparaissait pendant plusieurs jours sans donner de nouvelles à personne en prenant bien soin d’oublier son téléphone à son appartement. Personne ne savait vraiment ce qu’il fabriquait dans ce moments-là, pourtant tout le monde s’interrogeait, jactait, se répandait en rumeur et en ragots. J’avoue que je me suis aussi posé la question de savoir à quoi il pouvait bien occuper son temps.

Un jour que j’allais demander de ses nouvelles à son octogénaire de voisine, car il m’avait mis une crampe alors que nous étions censés nous voir, celle-ci me dit :

« Oh ! Un pauv’ diable ! Ah ! Pour un sacré…Dieu sait que je déteste médire mais vot’copain il doit donner dans la fredaine, dans la ribote jusqu’à plus soif…Même si je ne l’avais pas vu rentrer d’une de ces escapades malsaines dans un état épouvantable, je pourrais vous le certifier rien qu’en voyant sa trogne mon bon monsieur ! Il a le visage aussi rouge que la queue du diable ! Et je peux vous dire que je m’y connais. Mon mari était comme ça.… »

Elle était bien partie pour continuer à casser du sucre sur le dos de Richard. J’ai donc pris la tangente sans demander mon reste. Ce n’est que trois semaines plus tard que j’ai su de quoi il en retournait.

 

J’étais en train de me préparer de quoi déjeuner, perdu dans mes pensées, lorsque la sonnette me fit sursauter. Je mis sur feu doux avant de me diriger vers la porte d’entrée. Je mis plusieurs secondes avant de le reconnaître. Son apparence physique s’était sacrément détériorée depuis la dernière fois que je l’avais vu. 

Toute la peau de son visage semblait vouloir disparaître sous ses os. Une myriade de sillons s’y entrecroisaient. Ses yeux autrefois profondément vifs semblaient maintenant complètement éteints et avaient pris une teinte gris-cendres qu’entouraient d’affreuses cernes violacées. Ce qui me frappa tout de suite ce qu’il ne portait pas son chapeau comme à son habitude. Son crâne, absent de la moindre trace de tifs, était aussi lisse et aussi tâchée qu’une banane trop mure juste avant le stade des moucherons. Il flottait dans ses fringues. Un porte manteau sous un drap de lit qu’il était, un fantôme d’où ne dépassait du tissu que le bout de ses deux mains décharnées. Ce triste squelette qui avait un jour été mon ami me sourit brièvement ne me laissant entrevoir qu’un trou noir sans incisives.

« Tu comptes me laisse rentrer ou quoi ? me demanda t-il de cette voix de rogomme que je ne lui connaissais pas.

-Euh…Oui…Bien sûr ! »

 

Je vis que même sa démarche était changée lorsqu’il se dirigea vers un des fauteuils du salon pour s’y affaler. Je me dirigeai vers la cuisine pour nous servir un verre de whisky qui j’en étais sûr ne serait pas superflu pour entendre ce qu’il allait me raconter. Il me demanda comment ça allait pour moi et posa toutes sortes de questions débiles. Il voulait gagner du temps. Je décidai de lui faciliter la tâche et entreprit donc de lui raconter en détail les dernières nouvelles. Puis je me tu attendant qu’il commence à son tour à me raconter tout le mystère qui entourait cette incroyable transformation physique. Il commença comme ça:

«  Tu dois te demander pourquoi je ressemble à un putain de zombie non ?

-          Je t’avoue que ça m’a traversé l’esprit, oui.

-          Eh bien j’espère que tu as du temps parce que ce n’est pas le genre d’histoire que l’on raconte en dix minutes.

-          J’ai tout mon temps ma gueule… »

 

« Ok. Alors voilà. Il y a à peu près cinq mois, j’ai pris deux semaines de congés pour aller voir ma sœur à Grenoble.  Vu qu’elle travaillait toute la journée et qu’elle ne rentrait que le soir, je décidais après trois jours à macérer dans l’intérieur de son appartement d’aller prendre un peu l’air. Je commençai très vite à m’y sentir comme dans une prison, comme un chien dans une cage de chenil qui attend que quelqu’un daigne le choisir. Bref, il fallait que je me change les idées. J’ai donc décidé d’aller me promener et d’explorer un peu les environs. Je roulai au hasard en suivant des panneaux qui indiquaient un parc naturel et j’atterris très vite à Sarcenas, une petite commune de montagne tout ce qu’il y a de plus charmant. J’ai garé ma voiture devant une auberge. Après une promenade rafraichissante dans le parc de Chartreuse à profiter du calme des forêts et des prairies ; à contempler les gorges et les reliefs, à humer les edelweiss et les aphyllantes, à tenter de ne pas effrayer les bouquetins et les tétras lyre ; je suis retourné à l’auberge avec l’idée d’y boire un thé. J’eus une discussion très instructive avec la patronne, une jolie quadra plutôt en forme, qui m’apprit que cette auberge avait autrefois appartenu à Chérubin Beyle, le père de Stendhal. Je n’étais pas un grand fan du bonhomme mais elle me servit cette petite anecdote avec un regard si passionnée et une haleine si houblonnée que j’en oubliai ma résolution et acceptai sans hésiter, presque machinalement, le verre de bière qu’elle m’offrit lorsque je lui racontai que j’avais publié quelques écrits. C’était une passionnée ! Que pouvais-je faire d’autre sinon l’accompagner et échanger ?

Hein ?... Me mélanger ?... Hahaha ! Je vois que tu n’as perdu ton sens de l’humour ! P’tit con va ! Eh bien figure toi que je l’ai dilaté la dilettante mais je vais tacher de me concentrer sur l’important, Johnny. Non qu’elle ne l’ait pas été mais ce n’est pas vraiment pertinent pour le moment.

Je disais donc…De fil en aiguille…enfin…plutôt de liqueurs en gorgées, nous sympathisons et elle commence à me parler de Saint-Pierre-de-Chartreuse, une petite bourgade située un peu plus au nord.  J’appris que c’est dans le monastère de la Grande Chartreuse que fut fixée la formule secrète permettant de fabriquer l’élixir du même nom. Selon elle, seul deux chartreux disposaient encore de la formule aux 130 plantes: les frères Jean-Jacques et le frère Benoit. La fabrication avait été stoppée depuis la promulgation de la loi Touraine qui interdisait scrupuleusement toute production et/ou commercialisation de spiritueux. Mais elle me dit à l’oreille qu’en employant les mots qu’il fallait, il y aurait peut-être moyen de moyenner.  Je décidai donc de me rendre sur place pour essayer de soudoyer ces alchimistes pieux et tenter d’obtenir un peu de leur élixir de longue vie. »

 

Richard marqua une pause pour reprendre son souffle. Il but une gorgée de la manière la plus indolente qui soit tout en m’observant de ses yeux de pigeon mort. Puis, voyant que j’attendais la suite, il reprit avec une énergie venu de je-ne-sais-où:

« Ah ça pour une mince affaire…Tu parles !

-          Pourquoi ? Qu’est qu’il s’est passé ? »

« Eh bien pour arriver à leur parler aux deux chartreux, c’était fut la croix et la bannière. Tout le reste du monastère les planque ces deux-là. Tu comprends, depuis que les alcools forts sont illégaux, ils n’ont plus vraiment de raison d’exister, plus de but. Parait qu’ils étaient censés se livrer avec la recette au poste le plus proche quand la loi est passée. Enfin…Je suis donc passé de frères en frères, de discours en discours, des demi-vérités aux mensonges, de regards suspicieux en demandes formelles pour savoir ce que je leur voulais aux frères…Je suis tout de même parvenu, au bout d’une bonne heure et demi, à me retrouver face à l’un des deux. Le frère Jean-Jacques. Du moins, je le supposais car c’est comme ça qu’on me le présentât. Il me fit signe de le suivre et m’attira dans un des pavillons. »

« Nous serons à l’abri ici me dit-il

-          Excusez-moi mais à l’abri de quoi ?

-          Des quelques oreilles trop pendues ici mais surtout de la police ! Ils leur arrivent de faire des rondes en hélicoptère. »

« Le type semblait nerveux aussi n’insistai-je pas. Je devais juste me faire assez bien voir pour lui demander quelques bouteilles de Chartreuse. De la verte et de la jaune. J’engageai donc la conversation à ce sujet. »

« IM-PO-SSI-BLE ! me jeta t-il au visage avant même que je ne finisse ma phrase !

-          Pourquoi ça mon frère ? J’ai pourtant entendu des murmures comme quoi…

-          Non c’est non ! Vos murmures…vos murmures…Le vent qui vous aura joué un mauvais tour voilà tout ! Vous êtes au courant que ce que vous me demandez est totalement illégal ?

-          Ecoutez monsieur…

-          Mon frère je vous prie !

-          Ecoutez… mon frère… j’ai conscience de ce que je vous demande mais croyez-moi, il n’est question que de quelques bouteilles ni plus ni moins. Ça ne sortira pas d’ici je vous jure !

-          Quelques bouteilles ? La belle affaire ! Ça sortira forcément d’ici. Ça ira même surement jusque dans votre voiture. Puis jusqu’à chez vous. Et si la police vous arrête en route ? Vous me donnerez hein misérable ? Et ne jurez pas, j’ai horreur de ça ! Qui vous envoie d’abord ?

-          D’une je ne suis pas un donneur et de deux vous vous êtes trahis ! Allez mons…mon frère ! un p’tit geste quoi ! »

« Je passais encore dix bonnes minutes à chercher toutes sortes d’arguments avant qu’il ne consente enfin à me vendre quelques bouteilles. Il me fit signe d’attendre dans le petit salon du pavillon en attendant qu’il revienne. Ah, Johnny, tu peux me croire, j’étais excité comme un gosse dont c’est l’anniversaire. J’ai attendu un bon moment et je commençais même à désespérer de le voir revenir lorsqu’enfin il est apparu en portant une grosse cagette de bois dur remplie de bouteilles. Mon sang était en train de bouillir. J’étais bien mûr ! Je lui ai pris la cagette des mains, lui ai filé quelques biftons, et j’ai tracé jusqu’à ma voiture tout en le rassurant sur la prudence dont j’allais faire preuve. J’ai pensé au voyage retour, aux flics et tout mais sur le coup j’en ai rien eu à foutre. J’ai donc dépucelé une bouteille de jaune histoire de la jouer cool et j’ai bu au goulot. Si ça faisait longtemps…Aaaaaah… L’exaltation laissait sa place à l’apaisement. Des frissons de plaisir plus intenses que jamais parcouraient la moindre parcelle de tout mon être cosmique. Une putain de sacré délivrance ! Tu ne peux pas savoir ! Je pensais en avoir fini avec tout ça jusqu’à ce que je sente ce nectar stupéfiant me stupéfier tout entier. C’était comme une renaissance tu comprends ? Comme si tout ce que j’avais accompli depuis que j’avais arrêté n’était qu’une vulgaire mascarade ! Un mensonge Comme si je m’étais menti à moi-même tout ce temps ! Mais les Erinyes, ma couille, on n’peut pas les tromper ! Elles te courent après ou elles marchent tranquillement, mais au final, c’est toujours elles qui sont au-dessus. Toi t’es affalé et tu te laisses dévorer parce qu’il n’y a plus que ça à faire. C’est tout ! Je me suis retrouvé Johnny et putain ça fait plaisir ! Et devine quoi ? Je t’en ai ramené une de jaune ! »

 

Il farfouilla dans sa besace et en sortit, aussi triomphal qu’un footballeur qui tient la coupe du monde, une bouteille de chartreuse.

« Quarante degrés ! C’est quand même fort pour une liqueur censée être mellifluente non Richard ?

-          Mais non ! C’est d’la gnognotte ! La verte est à cinquante-cinq ! Allez fais pas ta tarlouze ! T’as vu ma gueule ? C’est p’têtre bien la dernière fois qu’on trinque ensemble bro’ »

Qu’est que je pouvais bien répliquer à ça ? J’ai donc été rincé nos verres et les ai rapportés pour qu’il nous serve de sa mixture chartreuse. Au premier verre, j’ai eu une remontée plutôt horrible que j’ai néanmoins réussi à maintenir tant bien que mal dans les tréfonds habituellement sain de mon anatomie. C’est toujours le plus dur à encaisser le premier verre. Après ça passe comme du petit lait. Et c’est vrai que le deuxième, le troisième…le sixième passèrent comme une lettre qui ne se perdrai pas à la poste.

 

La liqueur me plut tellement que je demandais- j’obligeais- Richard à aller récupérer quelques bouteilles chez lui et l’invitai à venir squatter mon appartement  pour quelques jours. Je pensais l’aider à se remettre mais je constatai très vite qu’au lieu de cela, c’était plutôt mon propre état qui commençait à se détériorer. Nous buvions comme des malades du matin au soir et de la nuit au matin.

Un matin, alors que je me grattai la tête, une touffe de cheveux me resta dans le creux de la main, ce qui eut pour réaction de me faire réfléchir. Qu’avaient donc mis ces cons de moines en bouteilles ? Je n’en avais aucune idée mais c’était sans nul doute ce qui était en train de nous tuer de la façon la plus laide qui soit.

L’idée me vint plus tard dans la journée de faire la route demain jusqu’au au monastère afin d’obtenir des réponses. Richard semblait partant mais j’avais peur qu’il ne résiste pas au voyage. Je me gardais bien de lui faire part de mon inquiétude, connaissant sa susceptibilité dès qu’on touchait à sa fierté. Nous chargeâmes donc ce qu’il restait des bouteilles la veille au soir, puis primes la route le lendemain matin en bombant vers Saint-Pierre. Je conduisais pour plus de sureté. Malgré la promesse que je m’étais faite, et répété d’innombrables fois mentalement, je me laissais tenter lorsque Richard me passa la bouteille. Je bus une longue gorgée tout en prenant soin de garder les yeux fixés sur la route. Je vis alors la bagnole de flics posté dans le petit renfoncement, avant le nouveau tunnel, sur la départementale 512. Trop tard. Je vis le regard du flic suivre mon mouvement en rendant la bouteille à Richard sans que je ne puisse plus l’arrêter. Le signal nerveux fut transmis un poil trop tard et je me retrouvai maintenant avec les flics au cul. Comme quoi, des fois la vie, la chance, ça se joue à un poil de cul. Je gardais le pied enfoncé sur la pédale de l’accélérateur en réfléchissant rapidement aux solutions qui s’offraient à moi. Je pouvais m’arrêter et me contrôler, et me faire souffler dans le ballon, et les laisser me prendre mon permis sans broncher, comme un bon citoyen qui reconnaît sa faute ; ou je pouvais essayer de les semer en commettant des infractions qui donneraient une attaque à Manuel Valls. Sinon au moins les faire transpirer un peu avant de finalement m’avouer vaincu. Je continuai donc d’accélérer et commençai de plus en plus à devoir slalomer entre les autres voitures. J’essayai de me rappeler des quelques tuyaux que m’avait donné un ami, pilote de rallye à ses heures, au sujet de la conduite à vitesse élevée mais rien ne me revenait sur le moment. J’arrachai, d’un geste vif, la bouteille des mains de Richard, et me brulai la glotte un coup de plus.

Les flics peinaient à me suivre dans ma course folle et je me croyais déjà tiré d’affaire lorsque je pris la sortie qui me permettrait de faire la boucle pour repartir d’où je venais sur les voies adverses. Il fallait que je retourne vers Grenoble où il serait plus facile de se cacher que dans un village de mille personnes. Je devais me perdre dans la foule et sans tarder. C’est trente kilomètres plus loin que je le vis. J’étais encore loin mais d’instinct je sus ce qui m’attendait. Je sus ce que c’était quand une décharge d’adrénaline me fit monter direct. Je passai la sixième et appuyai au maximum. Pied au plancher.

Je pouvais maintenant les compter. Dix voitures. Et d’autres arrivaient encore.

Le compteur indiquait deux-cents et l’aiguille grimpai encore.

Deux-cents dix.

Deux-cents vingt.

Dix secondes avant l’impact.

Deux-cents trente.

Cinq secondes.

Le choc.

L’état de choc.

 

Je n’eus pas le temps de comprendre ce qu’il se passait que déjà je me retrouvais dans un endroit dans lequel je n’avais jamais été. C’était une place entièrement pavée, avec une fontaine et des statues d’éléphants au centre, et différents établissements tout autour. Un en particulier attirait l’attention. Un bar dont l’enseigne absinthe éclairait à elle seule la totalité de la place. Je pouvais entendre des rires sonores entremêlés s’en échapper car la porte était entrouverte dans un filet de lumière tamisée. Je regardais tout autour de moi et tout avait l’air fermé. Tout sauf ce bar. Bon, j’étais devant, je n’allais pas commencer à faire mon difficile. Peu importe comment j’avais atterri ici, il s’agissait d’aller se rincer le gosier un petit coup. Immédiatement, en entrant, je sus que quelque chose ne tournait pas rond. Le bar paraissait avoir la taille d’un palais à l’intérieur alors qu’il n’était pas plus grand qu’une cabane vu de l’extérieur.

En face, de grands rideaux de velours rouges tombaient devant les fenêtres. Sur ma gauche sur une cinquantaine de mètres s’étalaient plusieurs magnifiques tapis ornés de motifs aléatoires avec fauteuils, canapés, et poufs, disposés à l’arrache un peu partout dessus. Quelques personnes y étaient allongées, d’autres étaient assises, le regard ailleurs. Une enseigne flottante  indiquait « Salle Hypnos ».

Sur la droite, un couloir filait. Une petite flèche améthyste qui flottait littéralement dans les airs indiquait « Salle Dionysos ». Je trouvai le nom accrocheur et m’engageai alors dans le couloir. Au fur et à mesure de ma progression, dans ce couloir qui ne paraissait pas avoir de fin, je percevais, de plus en plus nettement- je reconnus d’abord la basse- un morceau que je connaissais. C’était un morceau des Doors. Quelqu’un arriva comme une bombe en face de moi et me bouscula en passant sans prendre la peine de s’excuser. Je n’aperçus que furtivement son visage mais le type portait veste de satin lavande, bas noirs, escarpins aux boucles étincelantes, de cheveux longs noirs, et soliloquait d’une voix de dandy.

Bukowski était au bar avec une bière en essayant de faire dégager Morrison qui cabotinait pour essayer d’impressionner  une blonde sans visage. Je me dis que tout cela n’avait vraiment aucun sens mais commandai tout de même une bière et pris un siège au bar. 



20/05/2013
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