johnnyalasti

Le petit chat et la cigale

Après la disparition de papa et maman chat au cours d'une de ces longues promenades coutumières de la famille, petit chat erra seul un moment en tachant de retrouver son chemin dans ce labyrinthique foutoir qu’est la vie. C’était l’hiver et il se caillait un peu les miches petit chat. Mais il avait un beau pelage tout doux et soyeux comme il faut alors il continuait à tricoter de ses petites papattes, pas très sûr de lui. Il en avait parcouru des kilomètres depuis que papa et maman chat étaient partis se faire cuire la couenne en Andalousie. Il n’avait pourtant toujours rencontré personne. Pas une âme qui vive à des kilomètres à la ronde. Il pouvait le sentir grâce à son flair aussi unique que l’est son beau pelage tout doux et soyeux comme il faut.

 

Jusqu’à ce qu’il tombe sur une cigale qui chantait alors même que ce n’était pas l’été ; l’insolente ! Elle était plutôt atypique. Elle était grande et d’or mouchetée de noir, de gris, et de blanc et lui dit être originaire des pays nordiques. Elle ne craignait donc pas le moins du monde le froid lorrain. Elle se gaussait même de petit chat lorsque celui-ci se plaignait que son pelage n’était pas suffisamment épais comme il faut pour pouvoir passer l’hiver. Elle racontait avoir connu des hivers mille fois plus redoutables que celui-là et que la preuve était qu’elle était là, bien vivante, debout, devant petit chat, en train de lui raconter.

Petit chat commence alors à trainer avec la cigale. Ils se découvrent beaucoup de choses en commun et deviennent très vite amis.

Mais bientôt petit chat commence à péter les plombs. Il en a marre de « bouffer de la sève encore et encore ! C’est bien cool la sève mais ça ne nourrit pas hein ! » comme ça qu’il lui dit à la cigale. Il voudrait se rapprocher de la ville parce qu’il pense que s’il y a bien un endroit où becqueter pour un petit chat tout mignon de son espèce, c’est bien la ville. Il pourrait même faire son plus beau minois de chat perdu et se faire adopter par une famille blindée et aux petits soins pour lui. Mais pas moyen. La cigale refuse en bloc d’y foutre les pattes. Petit chat lui demande pourquoi et après moult hésitations la cigale se met alors à lui raconter.

 

Elle l’avait connu la ville, qu’elle lui disait, il y avait bien des années. C’était juste avant la grande déforestation. Elle venait heureusement d’atteindre son imago. Elle touchait du bois encore aujourd’hui pour ça. Et elle ne voulait plus le quitter. Elle avait vu l’horreur et l’aliénation de la ville et avait alors compris ce qui la provoquait : la ville elle-même. Elle avait alors essayé d’en parler à maitre Fouine mais ce dernier était recherché pour une fraude particulièrement culottée. Son adjoint avait également pris la poudre d’escampette. Le président était en vacances et le juge venait de mourir. Elle avait alors chanté pour gagner de quoi manger. Au début, les gens avaient énormément apprécié son show et en redemandait en hurlant, insatiables. Ensuite, elle ne pouvait plus mettre un bond devant l’autre sans se faire alpaguer par un fan. Puis ils s’étaient lassés d’elle et ses talents de chanteuse ne lui attiraient plus qu’indifférence ou malveillance. Sauf de la part d’une mouche qui passait par là un jour, elle s’en souvenait encore. Elle lui avait dit que ce n’était pas un endroit pour elle, qu’il ne faut jamais faire confiance à l’Homme, que personne ne peut jamais, au grand jamais, enfermer dans un quelconque espace clôt une cigale sans qu’elle ne commence à mourir dans les heures qui suivent, lentement et dans d’atroces souffrances. Pas question de finir dans une boite à chaussures ni dans une cage pour amuser les enfants ou dans quelque autre endroit. Plutôt mourir et finir marque-page pour bon bouquin. La cigale se met donc en devoir de pouvoir tout mettre en œuvre pour atteindre son but : se fixer des objectifs.

Elle apprend à petit chat que son objectif est de faire de lui la bête noire des chiens de garde du président Boutonnière et lui enseigne tout ce qu’elle a appris au cours de sa vie.

 

Deux ans plus tard…

 

Après la soudaine disparition de la cigale, petit chat est toujours aussi petit mais plus vieux. Son pelage est toujours aussi tout doux et soyeux qu’avant, il a même pris quelques nouvelles teintes. Il a enfin sa vraie moustache de vrai mâle qui fait tant succomber les femelles. Il traine un peu partout mais ce qu’il préfère c’est les parcs. Il écoute souvent aux portes ou l’oreille collée aux cloisons car c’est toujours de là que s’échappe la vérité. Il esquive facilement les chiens de gardes du président Boutonnière qu’avant et peut même se permettre de les narguer un petit peu et d’y prendre un malin plaisir. Il se faufile à travers le moindre obstacle sur sa route et en fait quelque chose du mieux qu’il peut. Petit chat est à l’aube de sa vie.

 

 

 

 



13/08/2013
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